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Photo du rédacteurAnne Doly

PEDAGOGIE, HUMILITE, SOLIDARITE, VACCIN

Anne Doly | Pharmacien, exDSI du Centre Jean Perrin


Eméritat : Titre honorifique accordé dans l'enseignement supérieur à certains professeurs admis à faire valoir leur droit à la retraite. Décerné en considération des travaux et des services rendus, ce titre peut permettre à son bénéficiaire de continuer à exercer quelques activités universitaires ou scientifiques. Wikipedia

Alors que la rapidité de vaccination Covid-19 représente des enjeux majeurs en termes de santé publique, de conséquences économiques et de détresse psychologique, la France a pris du retard non parce que la logistique représente des difficultés insurmontables (on pourra se reporter à la tribune parue récemment dans le Monde [1] ), mais parce que l’Etat a été accaparé par les « antivaccins ».


Alors, ne devrait-on pas réfléchir à une pédagogie de la vaccination ?

La crise sanitaire en France aura mis en lumière autant de professeurs émérites que de méthodes statistiques projetant le nombre de décès attendus dans chaque classe d’âge. Les professeurs émérites appartiennent, par essence, à la tranche d’âge que notre pays s’honore de protéger en priorité. Serait-ce une démarche discriminatoire que de vouloir rendre obligatoire la vaccination des professeurs émérites ?


Ayant instruit des générations d’étudiants, ces mêmes professeurs étanchent leur soif de connaissance dans de hauts Conseils, alors que le scepticisme ambiant mériterait la médiatisation de leur implication dans la vaccination.


Si la défiance des antivaccins français est moquée par nos voisins européens, c’est que la pédagogie du « Pourquoi ce vaccin a-t-il pu être fabriqué si vite ?» n’a pas été reprise par les professeurs émérites.


Il a fallu beaucoup d’humilité à ceux qui, au contact des patients, ont été contraints d’avouer les conséquences de leur méconnaissance de la maladie.


Un peu de fierté adoucirait la rage légitime qui s ‘exprime si le professeur remplaçait le journaliste, pour dire simplement que, dans le fonctionnement des cellules, l'ARN constitue l'étape intermédiaire entre l'ADN et les protéines, et que, plutôt que d'administrer les protéines contenues dans les médicaments actuels, l'idée est d'administrer directement l'ARN, c'est-à-dire le "programme" qui produit ces protéines. L’effort pédagogique du professeur se concentrerait aisément sur les mécanismes biochimiques, diluant ainsi les opinions hâtives de 30 citoyens tirés au sort, au mépris des lois statistiques.


Et pour nos jeunes concitoyens, avides de vivre, d’étudier, de travailler, pourquoi ne pas leur présenter la vaccination comme le geste de reconnaissance qui supplanterait les applaudissements du premier confinement ?


Le professeur pourrait aussi citer le parcours de Stéphane Bancel, le patron français de Moderna (Modified RNA), ayant débuté sa carrière chez BioMérieux [2].


La vaccination va nous permettre de revivre. Que ce soit le plus vite possible !

Et ceux qui sont restés insensibles à l’épuisement des soignants entendront que leur refus du vaccin revient à retarder, voire à empêcher, la prise en charge d’un accidenté de la route, ou d’un parent conduit à l’hospitalisation par des comorbidités jusqu’alors négligées.


On a tellement insisté sur le caractère non obligatoire de la vaccination, sur la liberté (chérie) de se faire vacciner, qu’on s’empêche de traiter la vaccination comme un devoir civique.


Dès lors qu’une parade existe, la liberté de refuser la maladie doit l’emporter sur la liberté d’ignorer la vaccination.

Car la question est bien celle de l’ignorance rémanente au milieu du fouillis d’informations approximatives relayées jusqu’à plus soif.


Un professeur de médecine présentant son deltoïde à un « soignant », gardera un œil sur la longueur de l’aiguille, et son attitude sera plus parlante que les états d’âme sur le consentement des personnes de confiance ayant installé leurs parents dans les EHPAD.


L’âge du professeur l’autorisera à expliquer que la technologie de l’ARN messager est connue depuis longtemps, mais que, jusqu'à récemment, on ne savait pas le transporter. Il lui suffira de souligner que les travaux que Katalin Kariko a entrepris en 2005 et publiés en 2015 [3] consistent en un enrobage de l’ARN messager dans des nanoparticules lipidiques qui lui évitent de se dégrader trop vite. Cet ARN stimule alors une réponse antigénique puissante sans nécessiter d’adjuvant.


Et si ces arguments apparaissent trop techniques pour une communication de masse, le professeur n’ayant eu aucune hésitation à se faire vacciner à titre personnel, peut ajouter que Katalin Kariko, embauchée par BioNTech, n’a que 66 ans.





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